Dans notre vie de tous les jours, une grande part de nos interactions sociales s’accompagne de jugements subjectifs quant à l’identité et au caractère de la personne que nous avons en face de nous.
Rassurez-vous, je ne compte pas vous taxer de superficialité : parler d’apparence physique, ce n’est pas seulement parler d’esthétique ou de beauté !
Ce que nous appelons parfois l’instinct est en réalité un mécanisme d’analyse censé nous permettre d’évaluer qui nous avons affaire lorsque nous interagissons avec quelqu’un. Entre notre voisine qui a une « bonne tête » et notre beau-frère dont la mine ne nous revient pas, nous décryptons constamment notre entourage à travers le prisme de l’apparence physique.
Au-delà de ces éléments subjectifs, qui peuvent évoluer en fonction d’une multitude de critères (le genre, le contexte socio-culturel, l’âge, etc.), l’apparence physique renvoie à tous les marqueurs qui déterminent l’identité d’une personne : son habillement, sa morphologie, ses mimiques. L’importance de l’apparence chez l’humain, la chercheuse Hélène Garner-Moyer l’explique par le fait qu’elle soit la caractéristique la plus facilement perceptible par nos sens, et ce dès le premier coup d’œil1.
Qu’on se le dise, nous assumons très rarement nos opinions tranchées sur la dégaine de notre collègue ou sur la « tête de souris » de notre postière. De récentes recherches ont pourtant montré que l’apparence jouait un rôle décisif dans des domaines insoupçonnés, comme lors d’un processus de recrutement. Plusieurs études mettent également en évidence son lien avec la crédibilité perçue d’un influenceur sur les réseaux sociaux2.
Rien d’étonnant, donc, à ce que l’apparence physique joue un rôle clé dans les relations qui supposent la plus grande intimité : l’amour.
Une équipe de chercheurs a par exemple montré que l’attractivité physique était un critère de sélection important dans les relations de courte durée, mais aussi dans l’établissement de relations stables — alors même que les personnes interviewées en minimisaient l’importance3.
C’est aussi un facteur que l’on retrouve à la source du coup de foudre : plus l’attractivité d’une personne est élevée, plus la probabilité d’avoir un coup de foudre pour elle augmente !
Sommes-nous donc condamnés à rester les esclaves de nos préjugés et de notre subjectivité ?
Derrière le physique d’une personne se cache tout un ensemble de caractéristiques psychologiques, intellectuelles et sociales que nous pensons pouvoir déceler au premier coup d’œil, et qui ne sont pas forcément liées à des critères de beauté. Derrière un sourire, une mimique ou une tenue, nous cherchons à lire des indices sur le caractère, la santé ou le statut social, pour décider si l’autre sera un partenaire, un amant, un ami fidèle ou juste une rencontre de passage.
Heureusement, ce décryptage en règle n’est pas le seul à intervenir lors de nos interactions sociales, et il ne nous permet pas toujours de découvrir ce qui contribue à une relation épanouissante : les qualités morales, les expériences de vie, les aptitudes et les attentes amoureuses d’une personne.
Sachant cela, nous pouvons tirer notre épingle du jeu en gardant à l’esprit, à chaque rencontre, que la personne en face de nous peut nous surprendre. Inutile de le rappeler : l’habit ne fait pas toujours le moine. Et si vous y pensez, je suis certaine que vous trouverez l’exemple d’une connaissance qui vous avait d’abord fait mauvaise impression, mais qui, avec le temps et la patience, a su gagner vos faveurs.
