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Moi et mon couple : comment être soi à deux ?

Caroline B.

Publié le 13/11/2025

Mis à jour le 12/01/2025

Si tout le monde ne partage pas la même vision de l’amour, les perceptions du lien amoureux et les fondations de la vie affective traditionnelle s’incarnent souvent dans un idéal romantique centré sur le couple.

Cette représentation repose sur l’idée qu’un jour, on ne fera qu’un avec LA personne capable de nous offrir, durablement, sécurité affective, stabilité matérielle et épanouissement émotionnel. Selon cet idéal, une vie réussie ne pourrait exister sans un lien amoureux épanouissant, dont la valeur se mesurerait à la durée, à la complicité et à la permanence du désir.

En me questionnant différemment sur la vie affective, j’ai compris que les contours de cet idéal avaient en réalité beaucoup évolué au fil du temps et qu’ils étaient loin d’être absolus.
Eva Illouz propose une analyse éclairante en comparant l’évolution des critères de choix du partenaire à travers certaines œuvres culturelles. Dans son livre Pourquoi l’amour fait mal : l’expérience amoureuse dans la modernité, elle montre que, dans les romans de Jane Austen au XVIIIe siècle, le choix d’un partenaire passait idéalement par le respect de codes moraux et éthiques1. À l’inverse, dans les comédies romantiques américaines des années 1990, ce n’est plus la moralité d’un personnage qui séduit l’héroïne, mais son sex-appeal ou sa capacité à susciter la passion.


Cela ne signifie pas que l’attirance physique n’avait aucun rôle au XVIIIe siècle, ni que le désir gouverne seul nos choix au XXIe. Mais nos façons d’imaginer le partenaire idéal reposent sur des critères de sélection dont l’importance évolue avec le temps.


La sociologue Emmanuelle Santelli (CNRS) s’est largement penchée sur nos représentations contemporaines du couple. Elle observe que l’idéal romantique traditionnel se heurte de plus en plus à un besoin croissant d’individualité et à une volonté affirmée de se réaliser en dehors de la vie conjugale.


Ses recherches montrent que l’une des premières préoccupations des jeunes couples est de s’assurer, dès le début, que chacun pourra « rester soi-même » et que la relation ne viendra pas freiner l’accomplissement personnel. Selon ses enquêtes, l’amour naît quand on rencontre une personne qui nous permet d’être soi sereinement et de poursuivre son chemin de manière autonome. Elle souligne que cet enjeu est particulièrement crucial pour les femmes, désireuses de s’émanciper d’une existence centrée uniquement sur la famille afin de construire une vie en accord avec leurs aspirations2.

Sources

1Eva ILLOUZ, Pourquoi l’amour fait mal : L’expérience amoureuse dans la modernité Berlin, Édition du Seuil, 2011.

2Emmanuelle Santelli, L’amour conjugal, ou parvenir à se réaliser dans le couple : Réflexions théoriques sur l’amour et typologie de couples, Recherches familiales, 2018.

3Emma Specter, Tout ce que je sais sur l’amour, je l’ai appris grâce au Journal de Bridget Jones, Vogue, 12 février 2025.

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